Premier siège social de Power Corporation sur la rue St. James, aujourd'hui la rue St-Jacques (deuxième édifice à partir de la gauche). Cette photographie a été prise dans les années 1920.

Premier siège social de Power Corporation sur la rue St. James, aujourd'hui la rue St-Jacques (deuxième édifice à partir de la gauche). Cette photographie a été prise dans les années 1920.

Naissance d'un joueur central dans la production d'électricité
1925-1950

Power Corporation du Canada a été créée le 18 avril 1925 par A.J. Nesbitt et P.A. Thomson, associés principaux de la société financière montréalaise Nesbitt, Thomson and Company.

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A.J. Nesbitt (à gauche) et P.A. Thomson, les associés principaux de Nesbitt, Thomson and Company, fondent Power Corporation du Canada en 1925.

Afin de défendre et renforcer le secteur canadien de l’électricité en le consolidant, A.J. Nesbitt et P.A. Thomson fondèrent une société ouverte sous la dénomination toute simple, mais appropriée, de Power Corporation du Canada, souhaitant ainsi tirer parti de la demande d’électricité croissante des foyers et des usines partout au pays, offrir des conseils de gestion à ses filiales en exploitation et proposer des services techniques par l’entremise d’une division de construction et d’ingénierie. Dès le début, la Société eut recours à une structure du capital social à deux paliers afin de s’assurer de demeurer sous contrôle canadien.

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Un des premiers certificats d'actions ordinaires de Power Corporation

La taille et le rayonnement actuels de Power Corporation du Canada dépassent largement tout ce qu’auraient pu imaginer A.J. Nesbitt et P.A. Thomson en 1925. Peu de temps après sa fondation en 1912, Nesbitt, Thomson and Company avait commencé à faire des prises fermes et des placements dans la construction et la promotion d’installations hydroélectriques au Canada.

Ayant refusé les offres d’un spéculateur audacieux de Chicago qui achetait des entreprises de services publics partout aux États-Unis, A.J. Nesbitt et P.A. Thomson avaient préféré défendre et renforcer l’appartenance canadienne du secteur de l’électricité en favorisant les consolidations. À cette fin, ils avaient fondé une société ouverte, sous la dénomination toute simple, mais appropriée, de Power Corporation du Canada, pour tirer profit de la demande d’électricité industrielle et domestique croissante, offrir des conseils de gestion à ses filiales en exploitation et proposer des services techniques par l’entremise d’une division de construction et d’ingénierie qui, par la suite, allait concevoir et réaliser plusieurs des installations hydroélectriques les plus innovatrices du Canada.

Outre ses avantages directs, la consolidation des entreprises au niveau de la haute direction permettait à Power Corporation de s’assurer davantage que le secteur vital de la production d’électricité demeure sous contrôle canadien. Ainsi, alors que les actions ordinaires de la Société conféraient chacune un droit de vote, ses actions privilégiées participantes donnaient chacune dix droits de vote et, comme celles-ci étaient majoritairement détenues par les deux fondateurs, ces derniers en exerçaient le contrôle. A.J. Nesbitt devient le premier président, mais il confia la gestion quotidienne à son vice-président, James B. Woodyatt, un ingénieur électrique et dirigeant de centrale, qui allait devenir président du conseil de la Société en 1956, occupant cette fonction jusqu’à sa retraite en 1962.

Barrage Elko, exploité par East Kootenay Power Company (Colombie-Britannique)

Barrage Elko, exploité par East Kootenay Power Company (Colombie-Britannique)

Installation hydroélectrique détenue par East Kootenay Power (Colombie-Britannique)

Installation hydroélectrique détenue par East Kootenay Power (Colombie-Britannique)

Avec un capital participatif initial de 5 500 000 $, Power Corporation du Canada prit le contrôle des sociétés Canada Northern Power, Ottawa and Hull Power et Ottawa-Montreal Power, en plus d’acquérir des positions importantes dans les sociétés East Kootenay Power, Winnipeg Electric, Dominion Power and Transmission en Ontario, et Southern Canada Power au Québec.

À la fin de son premier exercice, grâce à des résultats que le rapport annuel qualifiait de « particulièrement gratifiants », Power versa 145 453,84 $ en dividendes sur un bénéfice net de 246 386,23 $.

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Tout un pan du secteur de la vente au détail s’est développé grâce la disponibilité généralisée en électricité et aux nouveaux produits de consommation qu'elle alimentait.

Une croissance impressionnante

Au cours de ses cinq premières années d’existence, Power Corporation grandit à un rythme impressionnant. Après avoir vendu Ottawa-Montreal Power en 1927, puis Ottawa and Hull Power en 1928 et Dominion Power and Transmission en 1930, Power Corporation racheta à des investisseurs britanniques une participation importante dans British Columbia Power, alors l’une des plus grandes et des plus prospères entreprises canadiennes de production d’hydroélectricité, desservant la région de Vancouver-Victoria. Simultanément, Power Corporation prit une participation dans Northern British Columbia Power. Elle mit également sur pied un nouveau service industriel afin d’encourager de nouvelles entreprises à s’établir à proximité de ses centrales, ouvrit des magasins d’appareils électriques pour stimuler la consommation de masse puis constitua un portefeuille important et diversifié composé d’actions et d’obligations, notamment des participations dans plus d’une vingtaine d’entreprises de services publics dans des régions comme New York, Tokyo et le Brésil. La plus importante de ces participations était la Foreign Power Securities Corporation, une société de portefeuille constituée en 1927 et qui détenait des intérêts importants dans l’électricité et le gaz à travers la France.

À la fin de l’exercice clos en juin 1930, les sociétés affiliées de Power Corporation exploitaient 40 centrales à travers le Canada, représentant des investissements de plus de 250 millions $ en installations et matériels et desservant plus d’un million et demi de consommateurs. Le bénéfice net de Power avait franchi la barre des cinq millions $, alors que sa capitalisation boursière, son nombre d’actionnaires et la valeur de son portefeuille d’actions et d’obligations avaient aussi augmenté considérablement. Ses propres actions ordinaires, qui avaient été émises à 5 $ chacune en 1925, touchèrent 139,75 $ en 1929.
 

En très peu de temps, A.J. Nesbitt et P.A. Thomson avaient créé l’une des sociétés les plus prospères du Canada et montré qu’ils étaient non seulement doués pour la finance mais étaient également des entrepreneurs faisant preuve d’une grande créativité. 
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Illustration du portefeuille de Power Corporation tel qu’il figure dans son rapport annuel de l’exercice clos le 30 juin 1929.

À la fin de l’exercice clos en juin 1930, les sociétés affiliées de Power Corporation exploitaient 40 centrales à travers le Canada, représentant des investissements de plus de 250 millions $ en installations et matériels et desservant plus d’un million et demi de consommateurs.

L'impact de la crise de 1929 se fait sentir

Le krach boursier et les longues années de la grande dépression amenèrent de terribles difficultés. Pendant plus de dix ans, les bénéfices de la Société stagnèrent ou fléchirent, la valeur de son portefeuille s’effondra, certains titres furent radiés et beaucoup d’autres furent liquidés pour rembourser des emprunts bancaires ou obligataires. Entre 1932 et 1936, la Société dut renoncer à verser des dividendes aux porteurs de ses actions ordinaires. Elle choisit plutôt de concentrer ses ressources et son soutien sur ses sociétés affiliées canadiennes, parvenant ainsi à réaliser des bénéfices même durant les pires années de la crise et malgré les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale. À la fin de la guerre, elle affichait donc un bilan solide qui allait lui permettre de profiter de l’ère d’expansion industrielle d’après-guerre qui s’amorçait au Canada.

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La Grande Dépression a laissé des traces au Canada et partout dans le monde. Ici, des chômeurs jouant à des jeux d’adresse à Montréal, vers 1935.

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Lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre à l’Allemagne en 1939, le Canada et son armée emboitèrent le pas. Ici, des hommes du régiment des Victoria Rifles faisant la queue devant un magasin militaire à Lachine (Québec).

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Les tramways électriques constituaient un moyen de transport très populaire au Canada.

Au moment de son 25e anniversaire, en 1950, Power Corporation connaissait à nouveau une amélioration de son bénéfice, une croissance de ses investissements et une hausse de son dividende. La valeur boursière de ses actions ordinaires atteignait alors 8 millions $ et environ 60 % de son portefeuille, dont la valeur marchande totale était de l’ordre de 32 millions $, restait investi dans ses six principales entreprises du secteur énergétique. Ensemble, celles-ci avaient une puissance installée de plus d’un million de chevaux-vapeur, produisaient plus de quatre millions de kilowatts-heure par année et alimentaient en électricité ou en gaz plus de deux millions de Canadiens. Elles exploitaient également 761 autocars sur un réseau routier de 1 487 km, ainsi que 689 tramways sur 550 km de voies ferrées et 33 magasins d’appareils électriques.

Liste des dirigeants
et des membres du conseil

1950

Mais avant cet anniversaire, au moins deux coups de semonce avaient amené Power Corporation à prendre conscience de la menace qui pesait sur elle. En décembre 1944, Northern Ontario Power, filiale de Canada Northern Power, avait en effet été expropriée par la commission hydroélectrique de l’Ontario en contrepartie de 12,5 millions $ d’obligations provinciales. Puis, en juin 1946, le gouvernement français avait nationalisé les sociétés de services publics dans lesquelles la Foreign Power Securities Corporation détenait des participations importantes.
 

Partout dans le monde, y compris au Canada, les entreprises privées de production d’énergie devenaient vulnérables aux pressions politiques.
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